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Travail et révolution écologique

Intervention de Jean-François Bolzinger, secrétaire général adjoint de lUGICT-CGT

Fête de l’Humanité 2013

Il n’y aura de révolution écologique que si elle se traduit dans une révolution politique dans toutes ses dimensions. Mon propos consiste ici à regarder comment la transition écologique peut prendre un caractère révolutionnaire en étant crédible sur le lieu de travail

 

  1. Produire et consommer autrement

Produire et consommer autrement demande de considérer l’écologie dans son rapport au travail. Cela nécessite une autre organisation du travail et d’autres stratégies économiques et suppose d’en finir avec le management financier, le Wall Street management fondé sur la performance financière (fil conducteur principal de toutes les organisations d’entreprise).

Là où se créé la richesse, c’est là où se modifie la nature. S’il y a dévoiement au départ au sein du travail, la notion d’écologie devient factice.

Le Wall Street management procède par objectifs quantitatifs de court terme contradictoires avec le développement social et durable. Il tue le travail et tue au travail en imposant notamment un mode de surexploitation de la part intellectuelle du travail. Il génère démobilisation au travail, non-qualité, dysfonctionnements, accidents style AZF. La promotion d’un management de rupture, de long terme, exige de définanciariser l’entreprise et le travail.

 

  1. Impossible de séparer social, écologie et démocratie.

Le partage des rôles qui prévaut aujourd’hui est mortifère. Le social aux syndicats, l’économie aux employeurs, l’écologie aux associations extérieures ou au département marketing de l’entreprise !

Nous avons besoin d’un management qui pour chaque choix, conjugue social, économie et environnement. Sans reconnaissance et paiement des qualifications, avec la précarité qui se développe on ne peut obtenir qu’une société du low cost contradictoire avec les ambitions écologiques.

Le management coercitif où le rôle contributif des salariés est nié tourne résolument le dos aux enjeux de la révolution écologique.

Des cadres supérieurs du nucléaire déplorent la disparition des controverses professionnelles sur la sécurité des centrales au nom de procédures nominatives et des ratios financiers. Or la révolution écologique a besoin de réflexion et d’innovation. Elle besoin d’investissements dans l’innovation et dans la recherche, ce qui là aussi tourne le dos à la logique financière.

 

  1. Un levier pour avancer serait de rendre contraignantes les préconisations des accords de RSE (Responsabilité Sociale de lEntreprise) pour quelles soient effectives au niveau des collectifs de travail.

La révolution écologique appelle une nouvelle conception de l’entreprise différente de la société d’actionnaires. Elle appelle une entreprise qui soit une communauté de travail créative qui redéfinisse ses liens avec la société en s’ouvrant sur des acteurs locaux externes.

 

  1. La révolution écologique passe par une nouvelle conception de l’industrie.

Elle doit faire résolument le choix du progrès (social, scientifique, environnemental)

La production marchande incontrôlée et le productivisme doivent laisser la place à une nouvelle manière de produire. Produire plus pour satisfaire aux besoins de tous si l’on veut une révolution écologique démocratique et non élitiste, et produire autrement en intégrant les choix écologiques dans les procès de travail.

Cela suppose beaucoup de débats et de lucidité collective pour maîtriser notre destin commun :

  • à la fois en luttant contre l’obscurantisme et la peur de la science, alors qu’il s’agit de la maîtriser,

  • à la fois contre le fatalisme de la domination de la logique capitaliste dans nos vies.

 

À la CGT, nous ne sommes pas pour une écologie de repli ou de renoncement. La révolution écologique doit être tout le contraire de la révolution de la peur (peur du nucléaire, peur des usines, peur de la science, etc.). Nous sommes pour une écologie de développement qui s’appuie sur l’élévation et la reconnaissance des qualifications, la formation, le développement des droits démocratiques dans les entreprises, l’interactivité avec la société civile. Nous sommes en fait pour une écologie non politicienne et qui redonne sens au progrès.

 

 

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